
Quelle est l'ampleur exacte de votre site ?
Francis Luzin, PDG de lechef.com : C'est un site portail complet où l'on trouve toute l'information, mais de façon interactive, c'est l'avantage du net. Cette interactivité s'exprime dans les forums qui seront organisés sur le site : forums à l'initiative de la rédaction, forums à l'initiative des lecteurs qui veulent entamer des débats sur certains sujets et forums des associations. Dans ce grand site portail figurera aussi un annuaire où tous les sites qui tournent autour de la restauration seront répertoriés. De nombreuses entreprises et établissements de restauration ont créé leur site, mais ont du mal à le faire connaître. Notre puissance de communication permettra de leur faire bénéficier de nos efforts de publicité. Des liens seront établis entre lechef.com et les sites des chefs ou des restaurants de collec- tivité. Le site d'emploi que nous créons à l'intérieur du portail est l'équivalent des meilleurs sites d'emploi existant aujourd'hui. Un site concernant les achats et ventes de fonds de commerce en- trera parallèlement en activité. Enfin, depuis le 2 novembre, la place de marché est lancée sur l'Ile-de-France (produits alimentaires et boissons). Au 2 avril, cette place de marché sera étendue à six régions de France. Prochainement, du petit matériel hôtelier et du gros matériel de cuisine seront mis en vente en ligne.
Le lancement d'un tel site coûte assez cher en communication. Quels moyens avez-vous prévu ?
FL : Nous avons budgété 3 MF de publicité par an durant trois ans, soit 9 MF au total d'investissement. Notre ambition est de devenir le premier portail du marché. Nos atouts résident dans la qualité du portail et dans le budget publicitaire, mais en plus dans l'appui des magazines, soit 100 000 exemplaires par mois et 300 000 lecteurs, tous très ciblés. Notre second atout est que nous avons une très bonne connaissance du marché par tous nos magazines. On peut estimer à près de 4 MF le coût de l'information dont bénéficie le site (ce coût est différent de l'effort publicitaire). En plus, nous allons créer un quotidien de la restauration, grâce à l'immédiateté d'Internet. Ce projet de quotidien ne nous était pas accessible par les moyens traditionnels du papier. C'est une grande satisfaction d'offrir tous les jours de l'actualité fraîche, et renouvelée matin et soir. En fait, nous proposons deux éditions de nouvelles.
Qu'attendez-vous de la réussite de ce site ?
FL : Le renforcement de notre au- dience et de notre présence sur ce marché. Par les magazines, nous avons près de 90 % d'audience en restauration collective et 35 à 40 % en restauration commerciale. Nous pourrons intervenir sur ce marché autant par la réflexion et l'analyse que par l'action directe et immédiate que permettent l'action commerciale et Internet. Internet nous permet de réaliser des projets qui étaient inenvisageables avec des magazines papier. Avec la place de marché, nous allons aider nos partenaires annonceurs à mieux pénétrer le marché, à mieux vendre leurs produits.
Lechef.com est une «start up» prometteuse...
FL : lechef.com n'est pas une «start up». Nous agissons à partir de deux métiers traditionnels qui sont totalement maîtrisés par les sociétés associées. La presse et la communication traditionnelle ainsi que la distribution-logistique la plus classique. Nous y avons rajouté de la technologie. Ceux qui vont gagner sur Internet sont les sociétés traditionnelles qui savent assurer un service et qui en ont les moyens.
Comment avez-vous financé un tel projet ?
FL : En autofinancement total. Nous n'avons pas demandé à des financiers de nous aider. Le succès des magazines a permis de mettre sur pied ce projet ambitieux.
Ce site Internet n'est-il pas concurrentiel avec vos activités d'éditeur de presse ?
FL : Nous réfléchissons à ce site depuis trois ans. Mais, au début, il était centré sur l'information professionnelle, en liaison avec le contenu éditorial de nos magazines. Le site ajoutait un marché de l'emploi. Nos magazines étant mensuels, cette activité était marginale sans Internet. Ces magazines sont davantage orientés sur la réflexion et l'étude. Ils ne sont donc pas concurrencés par Internet mais très complémentaires.
Lechef.com intègre en plus aujourd'hui une place de marché. Comment cela vous est-il venu ?
FL : En allant au Salon de la restauration à Chicago, j'ai vu près de quarante projets de places de marché en restauration et je me suis aperçu que le coût d'un tel projet n'était pas si élevé. Certains distributeurs d'agroalimentaire réalisaient déjà 30 % de leur chiffre d'affaires par le net. La place de marché permettait d'aider à financer l'ensemble du site. Et aux Etats-Unis, les entreprises de communication qui se lançaient dans le net n'étaient pas considérées comme voulant faire le métier de leurs clients. Cela renvoie à la définition même du net qui est l'alliance de la communication et de la distribution. Une société de distribution qui se lance seule sur une place de marché en net doit supporter d'énormes coûts liés à la publicité et à la constitution d'un contenu informatif. Le net ne peut se résumer à un catalogue produit. L'internaute recherche d'autres fonctions. Une société d'édition a des facilités pour aborder le net, mais elle doit s'allier avec un distributeur pour être efficace.

