LE NET POUR LA GRANDE CUISINE

Georges Golan : Vous avez lancé le site Lechef.com en 2000. Internet a connu une grande euphorie puis le soufflé est retombé. Qu'en est-il de votre activité ?

Eric Broutin : Nous avons aujourd'hui des chiffres sur l'évolution du Net dans le monde et en France. Les médias qui avaient été plus qu'enthousiastes au début ont déchanté d'une façon exagérée devant les pertes occasionnées par toute une série de sites Internet. Mais ces faillites n'étaient pas dues à l'écroulement du phénomène Net mais par la mauvaise conception ou gestion de ces sites. Les sites, pour bien vivre et surtout pour être très visités, ont besoin d'une bonne architecture, d'un bon contenu et d'un apport de publicité dans les médias traditionnels.

En un an (en 2001) dans le monde, le nombre des personnes connectées à Internet a progressé de 39 % pour atteindre 513 millions de personnes. En France, la progression a dépassé 30 % avec 16 millions d'internautes. Parmi ces internautes, 33 % d'entre eux achètent en ligne aux Etats-Unis et 12 % en France.

GG : Mais ce commerce n'est-il pas restreint à un type limité de produits ?

EB : Contre toute attente, le commerce électronique est surtout réservé au «B to B», c'est-à-dire au circuit professionnel plutôt qu'au secteur grand public. Le commerce en secteur professionnel aux USA se monte à 356 milliards d'euros pour 61 milliards d'euros en commerce grand public. En France, le commerce en ligne professionnel est de 9,2 milliards d'euros pour 1,98 milliard d'euros en grand public. Beaucoup de sites qui ont fait faillite s'adressaient au particulier. Le commerce électronique professionnel ne cesse de progresser. Que ce soit en transactions et aussi en recherche d'information précédant un achat qui se fera en commerce traditionnel.

GG : Qu'avez-vous enregistré comme tendances sur votre site Lechef.com ?

EB : En un an, en 2001, le nombre de visites est passé de 9 504 à 17 013, soit une progression de 79 %. 40 % des visiteurs viennent sur le site au moins une fois par semaine. Ce qui montre qu'un noyau de visiteurs sérieux s'est constitué, se servant du site comme d'un outil. Dès le début, nous avons pensé mettre sur le site une activité B to B avec une place de marché dévolue au matériel de grande cuisine.

Cette place de marché donne la possibilité de consulter au même endroit l'essentiel des matériels qui peuvent répondre à tous types de demandes. Et cette information est très complète en plus d'être diversifiée car y figurent toutes les fiches techniques. Le professionnel intéressé par des achats de matériels a la possibilité de demander des informations complémentaires directement au constructeur.

GG : Cela n'est pas dangereux pour le distributeur ?

EB : Non, pas du tout car, sur la même place, le professionnel intéressé peut, en cliquant, obtenir des informations sur les distributeurs les plus proches de chez lui. Il peut ainsi les contacter facilement. Cela donne une extraordinaire facilité au client potentiel pour connaître l'offre et ceux qui peuvent lui installer cette offre. Il entre en contact très facilement par simple mail. Un restaurateur a ainsi tous les éléments pour préparer son achat. Ce client potentiel peut ainsi prendre connaissance de la majorité des matériels de Bonnet Cidelcem, d'Enodis et d'Electrolux. Ce qui permet déjà un choix très large.

GG : En fait, les industriels peuvent mettre leur catalogue en ligne sur un site très visité.

EB : Oui, sachant qu'ils peuvent mettre à jour en permanence et sans limite ce catalogue. Le catalogue est ainsi beaucoup plus opérationnel que n'importe quel catalogue imprimé. Et il coûte beaucoup moins cher. Les clients y découvrent toutes les nouveautés. Bonnet, qui fut le premier à mettre son catalogue sur la place de marché, est aujourd'hui satisfait, car cela lui a permis d'avoir différents contacts qui se sont transformés en vente. Et pourtant nous n'en sommes qu'au début. D'ailleurs, les visiteurs de la place de marché ne sont pas de simples curieux, ce sont des professionnels en phase de pré-achat. Ce visitorat est totalement qualifié. Davantage que dans un salon. Ce visitorat est déjà assez important puisque, sur le matériel, on enregistre entre 300 et 500 visites par mois. Comparé à un salon et à ses coûts, cela constitue une performance. Le coût de la visite est bien inférieur à celui d'une visite utile sur un salon. Le coût de la présentation par an est de 3 812 #euro;à 7623 #euro; pour la totalité du matériel, avec toutes les références et des mises à jour illimitées et gratuites. Cela change totalement la rencontre avec le client, surtout dans la perspective de visites croissantes sur le site.