LA RESTAURATION UNIVERSITAIRE BORDELAISE EN PLEINE RÉFLEXION

© K. AVERTYLe resto U 2 et sa cafétéria

L 'agglomération bordelaise, qui comprend les campus de Gradignan, Talence et Pessac, doit parvenir à retrouver un équilibre entre ses trois gros restos U et la multiplication des petits points de restauration qui ont pris de l'ampleur, comme le Vera Cruz et le Sirtaki à Pessac. Le Mascaret, près de la faculté de médecine à Bordeaux, est né en cafétéria de proximité il y a environ 10 ans. Il a été agrandi trois fois, puis est devenu un véritable resto U. Mais il pose «un problème de cohérence et de fonctionnement», explique Jean-Pierre Gainand, directeur du Crous de Bordeaux.

Situé au coeur de la ville, le RU central est le plus ancien. Il date de 1959 et était à l'époque unique. Conçu pour servir 5 000 repas/jour, le resto U a été construit sur 6 niveaux (4 en surface, 2 en sous-sol) et pose également des problèmes de fonctionnement. «Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin de ces six niveaux», confirme Jean-Pierre Gainand. «Le dernier n'est plus occupé, l'avant-dernier quasiment plus». Et, paradoxe, «ce restaurant qui était trop grand, on l'a agrandi !» Deux cafétérias ont en effet été installées en annexe, à l'époque du précédent directeur, L'Aquarium sur le parvis, le Barbacrous dans le premier sous-sol «qui ne servait plus». C'est «un restaurant qui © K. AVERTYLes cuisines du resto U 3est maintenant disparate, hétéroclite, un gros bâtiment et deux cafétérias qui happent la clientèle, mais fonctionnent mal car elles ne sont pas prévues pour». De plus «l'ensemble était à reprendre» pour des problèmes d'amiante. L'idée était donc de «désamianter et de restructurer». Mais une étude a démontré les complications et le coût élevé d'une telle entreprise. Du coup, un nouveau projet est né. Il consisterait au transfert du site vers le Marché des Capucins, qui comprend deux halles, dont une n'est pas encore occupée. «La mairie y tient aussi, car cela revitaliserait le quartier et créerait un lien avec le quartier Renaudel, où s'installe l'IUT de journalisme».

Selon l'étude réalisée sur l'utilité et l'avenir des différents sites, le RU 1 à Talence devrait être restructuré (et agrandi) à son emplacement actuel. Sur la zone de Bordeaux 1, il n'y a pas besoin de beaucoup d'implantations. Ainsi, «l'énorme sandwicherie La Soucoupe n'a pas vocation à devenir un RU», mais elle «resterait complémentaire», observe Marc Guilbaud, directeur du RU 3 à Gradignan, qui s'est aussi occupé précédemment d'autres points de restauration du Crous. Au niveau du RU 2, une cafétéria avait été créée pour relancer la consommation (dans le bateau «le Vent debout»). Le RU 2 a été «vidé» avec la création du Forum, qui © K. AVERTYLe restaurant central à Bordeauxlui a fait concurrence. Au même endroit est installée «La Passerelle», un restaurant plus haut de gamme pour les universitaires. A priori, le RU devrait être «complètement restructuré, et sans doute diminué», indique Jean-Pierre Gainand.

Quant au resto U 3, qui sert aujourd'hui 2 000 repas/jour (250 maximum le soir) contre 4 500 auparavant, il utilise inutilement beaucoup de matériel et de surface. Après 30 ans d'exploitation, il «ne répond plus aux normes, aux exigences d'un bon entretien», constate Marc Guilbaud. De plus, il n'est pas très bien placé (ni proche, ni loin des salles de cours, avec l'écran des sandwicheries/brasseries). Les étudiants «ont tendance à repartir en ville», note Jean-Pierre Gainand. Une petite sandwicherie, implantée dans l'IUT, pourrait être agrandie, tout comme le Sirtaki. Le RU 3 pourrait être supprimé, et les locaux ainsi libérés pour un autre usage. Enfin, avec dix points de restauration au total, «il faut trouver une synergie», un moyen de faire des économies, par exemple avec la création d'une cuisine centrale. Ces projets sont prévus sur les cinq prochaines années. S'ils ne sont pour l'instant pas tous validés, celui concernant le RU 2 devrait être engagé en premier, car il comporte l'unité centrale de production. Ces changements permettraient d'avoir «un ensemble plus homogène», souligne le directeur du Crous.