Georges Golan : Vous avez pris récemment une nouvelle fonction au sein du Snefcca. Avec quel objectif ?
Pierre Couvey : En fait, nous avons fait plus que prendre la suite. Au sein du Snefcca existent plusieurs commissions : le Froid, la Climatisation et la Cuisine Professionnelle. Si les deux premières ont bien été représentées sur le terrain, la Cuisine Professionnelle brillait par son absence. C'est une lacune et elle n'a pas permis à notre profession de tenir la place que ce secteur doit occuper au sein de notre syndicat. Cet immobilisme devrait cesser et nous devons prendre le rôle qui est le nôtre. C'est pour cette raison qu'avec plusieurs professionnels, nous avons mis en place cette Commission et j'ai été nommé le président.
Georges Golan : Que voulez-vous faire passer comme message ?
Pierre Couvey : L'une de nos priorités est de faire reconnaître le métier d'installateurs de cuisines professionnelles tant auprès de nos clients utilisateurs qu'auprès de nos fournisseurs et de nos fabricants. Nous voulons aussi que ces acteurs du marché réalisent nettement la différence entre installateur et distributeur. L'installateur s'est doté d'une véritable structure technique et professionnelle. Il doit avoir un service technique (autant en installation qu'en service après-vente), et un service commercial qui apporte un conseil basé sur un savoir réel. Il doit avoir aussi des techniciens projeteurs et des chargés d'affaires. En plus, il doit avoir constitué un stock de pièces détachées suffisamment fourni pour répondre aux demandes des utilisateurs. Il doit aussi disposer d'un stock de matériel de première urgence. Enfin il doit posséder un show-room et dans certains cas un centre de démonstration.
Georges Golan : Une telle définition exclut de nombreuses petites entreprises artisanales. À votre avis, combien d'entreprises correspondent aux normes que vous définissez ?
Pierre Couvey : J'estime qu'il existe à peu près 350 réels installateurs en France. C'est à nous de montrer la différence avec les distributeurs qui sont en fait des grossistes de pièces détachées. Ces distributeurs n'ont pas la structure de service dont j'ai parlé et pourtant sont approvisionnés dans de bonnes conditions par les fabricants. Ils ne se manifestent qu'en exerçant une politique de prix à la baisse sans supporter le poids de structures qui sont vitales pour les clients utilisateurs. Nous sommes prêts à faire un tri parmi les fabricants et à nous éloigner de ceux qui n'ont pas une conception professionnelle et globale de ce métier. Ce phénomène de distributeurs a existé dans l'électroménager avec des ventes par Internet. Mais les perturbations de ce marché se sont résorbées car les fabricants ont accordé des remises différentes selon le niveau de service rendu.
Georges Golan : La qualification Qualicuisine entre-t-telle dans votre plan de revalorisation du métier d'installateur?
Pierre Couvey : Oui, certainement. Il est d'ailleurs indispensable de nous rapprocher des ministères concernés pour faire reconnaître davantage cette qualification qui mérite d'être distinguée. Nous allons mener un travail en commun avec les deux nouveaux vice-présidents de Qualicuisine qui font partie de la Commission Cuisine Professionnelle du Snefcca.
Nous allons aussi créer un partenariat avec l'Education Nationale, qui possède peu de structures d'accueil pour les jeunes qui s'intéressent à notre profession. C'est un véritable défi pour notre profession que de vouloir atteindre ces objectifs sur moyenne durée. Pour cette raison, la commission rassemble des personnalités nombreuses et complémentaires appartenant à tous les groupements ainsi qu'aux indépendants. Tout le monde doit se mobiliser pour faire reconnaître nos valeurs. Cela doit se faire avec enthousiasme et dynamisme afin d'obtenir la reconnaissance que nous méritons.