UN TITRE D’INGENIEUR POUR LA RESTAURATION

Jean-Pierre Cogitore

La restauration a besoin de professionnels capables de concevoir et de réaliser des cuisines. C'est pourquoi la plupart des représentations professionnelles de l'industrie hôtelière ont apporté leur soutien à la mise en oeuvre de cette première formation en ingénierie de la restauration. Le Syncosyr, le Synhair, le Syneg, la Snefcca, l'Umih ou encore le CCC ont plébiscité l'initiative de l'Ireco, l'association Installation réalisation, études, conception et ouvrage. "L'Ireco, créée en 1997, n'a pas pour objectif de devenir un institut de formation», précise toutefois son fondateur, Jean-Pierre Cogitore. «L'idée était avant tout de normaliser la profession et d'encourager les initiatives. Or il s'est avéré que la filière de la construction de cuisines n'est pas affirmée. Nous avons donc lancé cette formation d'ingénieur en restauration.»

Former des spécialistes en ingénierie restauration

Avec l'implication de l'École hôtelière internationale Lesdiguières et de la CCI de Grenoble, l'Ireco a porté le projet présenté en mars 1998 devant les organisations syndicales. Devant l'intérêt suscité, le projet a pris toute son envergure. "Il y a un intérêt autant pour les restaurateurs indépendants, les chaînes hôtelières, la restauration collective et les sociétés de gestion. Le projet doit permettre à la profession de pérenniser la globalité de ses connaissances dans une Europe qui tend à formaliser tous les acquis", souligne encore Jean-Pierre Cogitore. Il remarque que cette formation serait la première du genre dans le contexte européen.

L'émergence depuis une quinzaine d'années de spécialistes en conception et réalisation de cuisines a apporté l'évidence des besoins de personnels compétents. Afin d'alimenter les bureaux d'études sur le créneau, les sociétés de gestion de restauration, les industriels et les fabricants ou les maîtres d'ouvrage, il fallait concevoir une formation qui puisse répondre à la variété de ces facettes. Ainsi, l'Ireco et les établissements scolaires associés ont choisi la voie de l'apprentissage simultanément en entreprise et en centre de formation. Les étudiants devront alors développer un projet tout au long du déroulement des études. Par groupe de cinq, pour développer l'esprit d'équipe, ces techniciens auront pour objectif de mettre en oeuvre leurs apprentissages dans la réalisation de ce projet. L'objectif étant de former des ingénieurs.

Organiser et planifier une étude

Au terme de leurs enseignements, ils sauront prendre en charge une mission en traduisant et présentant les attentes et besoins des clients. L'organisation et la planification d'une étude, la défendre et la présenter, ou encore la préparation, le contrôle et le suivi devront être acquis. Enfin, ils pouront assurer une mise en service ou garantir le bon fonctionnement de leur réalisation. Les enseignements s'attacheront à familiariser les étudiants avec l'informatique et les langues étrangères.Au chapitre des connaissances techniques, les lauréats devront être familiers avec le matériel professionnel, la distribution, les fluides mais aussi maîtriser le process de fabrication traditionnelle, la gestion de l'énergie, les réglementations spécifiques ou encore les missions et marchés publics... "Les étudiants devront démontrer à l'issue de la formation qu'ils maîtrisent correctement ces notions à travers la présentation individuelle du projet de groupe. Cet exercice vise également à tester leur capacité à communiquer sur les apprentissages qu'ils auront intégrés", remarque le fondateur de l'Ireco.

Débouchés assurés

L'Ireco insiste sur le caractère public de la formation. Celle-ci associe effectivement le lycée des métiers du bâtiment Roger Deschaux, l'école internationale Hôtelière Lesdiguières et la Chambre de commerce et d'industrie de Grenoble. «J'ai particulièrement apprécié le soutien de l'Education nationale», reconnaît Jean-Pierre Cogitore. «L'implication et la participation actives du rectorat de Grenoble ont favorisé la création de cette formation.» Si la question de reconnaissance reste sensible, l'Ireco insiste sur les débouchés qu'offrira la formation. D'abord, le diplôme sera validé par les représentants de la profession. Un argument pour cette formation qui n'a pas encore fait ses preuves. «Des professionnels jugeront autour d'une table des compétences des étudiants à la sortie de la première promotion en 2002. Et les lauréats seront recrutés à la sortie», affiche serein le fondateur de l'association. L'Ireco s'occupera de la partie administrative. Mais poursuivra son chemin en développant probablement un centre de documentation, véritable ressource pour les professionnels comme pour les futurs ingénieurs diplômés.