Notre tour d’horizon des grands acteurs qui font vivre la grande cuisine au quotidien se poursuit cette semaine avec le témoignage d’Olivier Béguier qui prend la parole en tant que président d’ERCO, société installateur de cuisines et buanderies professionnelles en Poitou-Charentes et Vendée.
Quels ont été les effets immédiats du Covid-19 pour votre activité ? En avez-vous eu d’autres en décalé ?
L’activité d’ERCO, ainsi que celle de ses filiales, s’est arrêtée le 17 mars dernier. Nous avons alors mis en place un service de maintenance 24h/24 et 7j/7 grâce à l’engagement des techniciens et des équipes, afin d’accompagner toutes les activités sanitaire et sociale, santé, et métiers de bouche. Puis, dès le 4 avril dernier, nous avons dû remettre en route progressivement des équipes techniques chantiers afin d’installer ce qui était en stock, et pallier au remplacement de matériels défaillant dans les sites sous tensions.
Comment avez-vous organisé le travail au sein de votre entreprise ?
Hormis les personnes travaillant dans l’administratif, les commerciaux ou encore certains de nos employés en télétravail, la plupart de nos effectifs sont en activité partielle.
De quelle façon vos clients ont-ils vécu / vivent-ils cet épisode ?
Nous distinguons deux catégories bien différentes parmi nos clients : ceux agissant sur le front santé et métiers de bouches qui sont très sollicités et donc, par conséquent, très demandeurs, et les autres qui peuvent, par moments, ne pas avoir le moral.
Travaillez-vous directement avec les établissements de santé ? Si oui, pouvez-vous nous raconter comme s’est passé votre travail ces dernières semaines ?
Nous travaillons avec beaucoup d’hôpitaux, d’EHPAD et autres établissements médicaux-sociaux. Cela est néanmoins très difficile d’être de service nuits et jours depuis maintenant deux mois.
Quelle serait selon vous l’attitude à adopter / ou celle à ne surtout pas adopter en cette période pour assurer la survie de son entreprise ?
Je pense qu’il faut vraiment que les grands investisseurs tels que les Conseils Départementaux, Régionaux et l’Etat ne nous lâchent pas. Cela permettrait aux PME et TPE de continuer à espérer pour la filière CHR, Hôtellerie de Plein Air et donc de relancer un secteur qui vient de grandement se fragiliser.
Avez-vous entrepris des actions de soutien à la profession ?
Tout à fait. J’ai réalisé des visioconférences avec mes équipes toutes les semaines depuis mi-avril afin de réfléchir à l’avenir et créer des fiches produites pour des métiers connexes qui se réinventent.
La situation vous a-t-elle fait revoir votre stratégie pour les prochains mois ?
Étant d’un naturel optimiste, je demande toutes les deux semaines aux différentes équipes de se remettre en question. Tout n’est qu’une question de continuation sur le sujet. Cependant, il faut encore plus communiquer et donc investir sur les nouvelles technologies de communication, mais également moins dépenser sur les frais généraux ainsi que sur la masse salariale. Avec un peu plus de pro-activité de chacun, cela devrait être possible.
De combien estimez-vous la perte de CA à ce jour ?
Nous estimons une chute de 60 % du CA sur les mois de mars, avril et mai. Nous avions heureusement beaucoup d’avance pour pallier à cette baisse.
Quelles actions souhaitez-vous que le Gouvernement mette en place pour aider les acteurs du secteur ?
Je pense qu’une baisse de la TVA pour la filière CHR et Hôtellerie de Plein Air serait idéal, quitte à devoir l’augmenter sur des produits n’étant pas de première nécessité. Pour la collectivité, favoriser l’investissement en augmentant les budgets des hôpitaux et des EHPAD serait un plus également, certains étant en difficulté face à la pénibilité du travail et à la distribution des repas.
D’après vous, en quoi l’épisode de Covid-19 va-t-il – ou non – transformer de façon pérenne notre façon de travailler en général ? Le secteur de la grande cuisine en particulier ?
Je pense qu’il est impossible de ne pas le voir : les mentalités vont changer. Le télétravail a de bonnes vertus, mais il va cependant modifier de façon drastique la restauration d’entreprise et obliger les petits commerces de bouches ainsi que les CHR à se réinventer via un système de restauration « drive » ou bien « click and collect ».
Que voudriez-vous partager à nos lecteurs ?
J’aimerais leur dire que le Covid-19 est une épreuve parmi tant d’autres et qu’il faut s’en servir pour nous améliorer.