
En cette période unique, nous avons souhaité vous partager les témoignages des grands acteurs qui font vivre la grande cuisine au quotidien. Voici celui de Codigel à travers les propos de son directeur général, Matthieu Sibille.
- Quels ont été les effets immédiats du Covid-19 pour votre activité ? En avez-vous eu d’autres en décalé ?
Jamais l’économie n’avait subi un arrêt aussi brutal. Du jour au lendemain, les commandes ont été stoppées, les revendeurs ou les chaînes n’ont plus répondu au téléphone, et les colis nous ont été retournés avec la mention « fermé pour cause COVID-19 ». Certains installateurs ont vécu la fermeture administrative des CHR comme une obligation ou une nécessité pour eux aussi de fermer.
Les gens ont, à juste titre – ou pas – pris peur…. Le redémarrage va être très long !
- Comment avez-vous organisé le travail au sein de votre entreprise ?
Dès la mi-mars, nous avons été confrontés à plusieurs problématiques :
- La volonté de garder une entreprise ouverte et disponible
- La protection des salariés itinérants en supprimant les visites clientèle
- La protection des salariés sédentaires par la mise en place des mesures barrières et la recherche de matériels de protection.
En complément, nous avons utilisé l’ensemble du panel légal, comme les arrêts pour garde d’enfant ou le chômage partiel ou total selon les services.
Il est clair que, dans la limite du possible, nous avons réellement mis en place le télétravail pour les postes qui le permettaient et dans la mesure du possible.
Nous avons tout de suite pris conscience que le télétravail serait inégal selon les conditions familiales de chacun.
- De quelle façon vos clients ont-ils vécu/vivent-ils cet épisode ?
Beaucoup de clients installateurs étaient, au début, totalement fermés et nous avons subi beaucoup de blocage de livraisons, en matière de matériels comme de pièces détachées. Nous avons été confrontés également à des reports de paiement, souvent décidés de manière unilatérale.
Cet arrêt s’estompe petit à petit et je me félicite de ceux qui ont continué et profité de certaines opportunités dans le médical, bien sûr, mais aussi dans les commerces alimentaires ou même la vente à emporter.
- Travaillez-vous directement avec les établissements de santé ? Si oui, pouvez-vous nous raconter comme s’est passé votre travail ces dernières semaines ?
Codigel ne travaille pas directement ni avec les hôpitaux, ni avec les maisons de retraite. Certains clients installateurs sont venus vers nous pour profiter de notre stock disponible, notamment en armoires frigorifiques et chambres froides. Nous avons tiré profit du fait que nos usines espagnoles ont maintenu une production presque sans interruption depuis la mi-mars, et avons pu livrer des demandes urgentes dans le secteur hospitalier. Nous avons également mis en avant toutes nos gammes répondant à un besoin de sanification, comme certaines fontaines d’eau.
- Quelle serait selon vous l’attitude à adopter en cette période pour assurer la survie de son entreprise ?
Ce sont dans les périodes difficiles que les opportunités se présentent. Il faut avoir constitué des réserves financières et s’appuyer sur des fabrications solides et européennes. Nous avons mis en place un Prêt Garanti par l’Etat (PGE), mais en n’oubliant pas que nos capacités futures doivent aussi permettre son remboursement. Toutes les dépenses vont être réduites dans les mois à venir.
- Avez-vous entrepris des actions de soutien à la profession ?
Nous sommes heureux d’avoir été le support logistique de la distribution des masques, organisée par le Syneg. Les masques sont arrivés chez Codigel, puis nous avons fait la répartition ainsi que l’expédition auprès d’une quinzaine de protagonistes de la profession.
- La situation vous a-t-elle fait revoir votre stratégie pour les prochains mois ? Si oui, de quelle façon ? Quel budget allez-vous revoir à la hausse ? à la baisse ? Si non, comment l’expliquez-vous ?
Il est clair que les visites et formations commerciales seront nulles jusqu’à la rentrée, et même réduites sur la fin d’année. Tour d’abord pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que plus tard, les clients chercheront autre chose que d’écouter notre équipe commerciale. Pour ce qui est de l’export et de l’outremer, la conclusion sera la même avec encore plus de difficulté pour voyager. Il faudra communiquer autrement sur des temps courts en visioconférence.
Tous les budgets vont être analysés et priorisés : ce sont des centaines de milliers d’euros qu’il faut trouver. Doit-on remplacer du personnel démissionnaire ? Doit-on réduire des foires ? Doit-on annuler la sortie d’un nouveau catalogue en 2021 et travailler sur un additif ? Doit-on décaler des investissements ? Ce sont toutes les questions que l’on se pose.
Nos usines actionnaires continuent leur R&D et c’est un point à ne pas diminuer, comme de garder un lien en matière de communication. Nous maintiendrons le stand du SIRHA, même si là aussi, les économies devront être recherchées.
- De combien estimez-vous la perte de CA à ce jour ?
Par rapport à notre budget, la perte de mars a été de 40 %, celle d’avril de 75 % et mai devrait être au mieux à -50 %. Les entrées de commande restent également très faibles.
Que dire des impayés ou des retards de paiement qui vont grimper en 2020 !
- Quelles actions souhaitez-vous que le Gouvernement mette en place pour aider les acteurs du secteur ?
La restauration commerciale ou l’événementiel recevront des aides, les collectivités auront des budgets exsangues, et il n’est pas certain que l’investissement soit fort en 2020/2021. Les commerces alimentaires ou la GMS auront sans doute plus de marge de manœuvre… Cependant, je ne pense pas que les industriels comme nous pourront bénéficier de plus que les actions déjà mises en place par le Gouvernement.
Il faut rouvrir au plus vite le tourisme au sens large et permettre à l’économie mondiale de repartir au plus vite.
- D’après vous, en quoi l’épisode de Covid-19 va-t-il – ou non – transformer de façon pérenne notre façon de travailler en général ? Le secteur de la grande cuisine en particulier ?
Beaucoup vont évoquer la montée du télétravail et cela est exact avec certaines limites, comme le décalage entre les salariés présents et ceux à distance. Permettez-moi de souligner le besoin de confiance dans les affaires et le dialogue entre chacun. Je suis certain que le service ou les réponses immédiates prendront encore plus de valeur et que le prix ne sera pas l’unique critère. Les fabrications européennes et la disponibilité devront être mises en avant auprès des bureaux d’études et des utilisateurs.
- Que voudriez-vous partager à nos lecteurs ?
Comme nous l’évoquions précédemment, en période de crise il faut être malin et apporter des réponses aux problèmes rencontrés par les utilisateurs :
- La gamme de refroidisseurs d’eau Cosmetal pourvus de l’application Copper permet déjà d’éviter la contamination des fontaines d’eau en milieu sensible.
- Les distributeurs de produits de protection Sany, développés au cœur de la crise par notre partenaire Adler à Bergame, répondent au besoin simple de gérer les déchets souillés, tels que les masques ou les gants.